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Photo du rédacteurAlexandra SAUVÊTRE

ÉCRIVAIN PUBLIC : UN VIEUX MÉTIER D’AVENIR

Dernière mise à jour : 31 oct. 2022


Il était une fois un vieux métier d'avenir : l'écrivain public.


L’écrivain public se définit comme « une personne qui rédige des lettres, des actes, pour ceux qui ne savent pas écrire ou qui maîtrisent mal l’écrit1 ». Cette définition apparaît dans les dictionnaires de la langue française dès 1835 où le sens latin de scribe ou copiste du terme écrivain est repris pour constituer la locution écrivain public.

Mais qu’il soit scribe, druide, rédacteur, écrivain, plumitif ou écrivain pour le public, le personnage existait avant même que l’appellation « écrivain public » ne soit fixée.


LE SCRIBE DE L’ANTIQUITÉ : PREMIER ÉCRIVAIN PUBLIC DE L'HISTOIRE


AU SERVICE DES POUVOIRS POLITIQUES ET RELIGIEUX


Le métier d’écrivain public apparaît en -3500 avant Jésus-Christ avec la création de l’écriture en Mésopotamie qui permet de constituer des listes et de tenir des comptes.


Le scribe de l’Egypte antique représente alors la première forme du métier d’écrivain public. Il désigne celui qui connaît l’écriture cunéiforme à base d’idéogrammes et de pictogrammes sur les tables en argile. Travaillant à l’administration des temples et des palais, sa mission de copiste est de retranscrire par écrit les lois et les textes religieux afin de diffuser les volontés du pharaon, des religieux et des militaires.


Depuis sa création, l’écriture étant réservée aux couches supérieures de la société, elle est essentiellement utilisée par les pouvoirs politiques et religieux qui demeurent les seuls à avoir accès à son apprentissage et dont le scribe, en tant qu’écrivain public deviendra l’intermédiaire avec le reste de la population.



L’ÉCRITURE : UN SAVOIR RÉSERVÉ À L’ÉLITE


En Europe, avec la christianisation de la Gaule au IIIème siècle, les moines sont les seuls à savoir et pouvoir lire et écrire. Rédacteurs et savants, ils sont enseignants et se placent comme intermédiaires entre l’administration et le peuple. Ils deviennent les écrivains publics. Leur activité se développe autour de la rédaction de textes essentiellement en latin, langue officielle jusqu’en 1539. L’apprentissage du latin étant inaccessible, les textes restent difficiles d’accès au peuple.


Au moyen-âge, le métier d’écrivain public considéré dans l’Antiquité et honoré à l’époque gallo-romaine perd de son prestige avec la création de l’école obligatoire par Charlemagne. Cependant, cette école pour tous dont l’enseignement est proposé en latin continuent de rendre difficile d’accès à la population la lecture et l’écriture qui continuent d’être réservées à une élite.



LA RENAISSANCE : L’ESSOR DU MÉTIER D’ÉCRIVAIN PUBLIC


AU SERVICE DE LA BOURGEOISIE


A partir du XII et XIIIème siècle, le métier d’écrivain public évoluent en fonction des évènements politiques, comme les guerres, qui influencent son activité économique. Avec le développement des échanges commerciaux et l’essor des villes, la bourgeoisie - ceux qui habitent le bourg - qui ne sait ni lire ni écrire comprend la nécessité de recourir à une tierce personne pour rédiger, lire, répertorier et certifier les actes commerciaux. Le besoin en écriture étant de plus en plus fort, l’écrivain public se met à rédiger les accords, les contrats et les lettres en français et sur du papier, découvert lors des croisades. Avec l’organisation des échanges commerciaux, la diversité des métiers et le développement de l’administration, le métier d’écrivain public prend de l’essor et répond déjà à cette époque à une demande de service de la part de la population.


En 1280, on recense soixante écrivains publics à Paris. Travailleurs de la rue, sans statut et libres de tout contrôle, ils s’installent aux abords du Palais, près du Pont-Neuf et servent de rédacteurs, d’interprètes, de conciliateurs et de confesseurs aux habitants de la ville. Représentants le seul lien direct entre le peuple et le pouvoir central, leur utilité et leur nécessité sociales deviennent indiscutables.


Au XIVème siècle, le métier d’écrivain public se développe et commence à se standardiser dans des lieux réservés à cette activité. Parmi les écrivains publics les plus connus, Nicolas Flamel avait ainsi installé un cabinet près de l’église Saint-Jacques-la-Boucherie à Paris.



L’ÉCRIVAIN PUBLIC : UN MÉTIER QUI SE DÉVELOPPE


Au XVème siècle et à la Renaissance, la profession d’écrivain public perdure et se spécialise. Les écrivains publics qui ont su développer des qualités rédactionnelles et une maîtrise de la langue française jouissent d’une situation confortable. En plus des textes administratifs et commerciaux, certains décident de se spécialiser et d’étendre leur domaine de compétences aux actes juridiques.

Le XVIIème siècle est une période prospère pour l’écrivain public qui occupe une place de plus en plus importante dans la société à cause du niveau élevé d’illettrisme qui perdure en France. Grâce à une bourgeoisie commerçante qui s’est enrichie, il possède une clientèle aisée qui lui demande de rédiger des biographies familiales. Mais les classes inférieures, stimulées par l’évolution de la société, font eux aussi appel aux écrivains publics pour progresser. Les étudiants sont soucieux de la présentation de leurs textes, les officiers sont préoccupés par la rédaction de leurs rapports et les seigneurs veulent écrire leurs biographies familiales. Durant cette période, la clientèle de l’écrivain public est variée et cultivée. Dans les petites communes, ce sont les hommes d’église qui reprennent les services des écrivains publics.



LA RÉVOLUTION : UNE PÉRIODE SOMBRE POUR L’ÉCRIVAIN PUBLIC


LE DÉCLIN DE LA PROFESSION


Au XIIIème siècle, à cause de la Révolution française et des troubles qui l’accompagnent, la profession d’écrivain public tend à s’arrêter de manière brutale avec la disparition de nombreux cabinets d’écrivains publics. A cause de l’augmentation du coût de la vie, la clientèle devient de plus en plus rare et se tourne vers les avocats ou les juristes. Dans les communes les plus modestes, les instituteurs remplacent les hommes d’église pour remplir le rôle d’écrivain public.



L’ÉCRIVAIN PUBLIC : UN MÉTIER QUI SE SPÉCIALISE


Au XIXème siècle, un renouveau apparaît pour la profession d’écrivain public avec l’administration napoléonienne qui déclenche une forte demande en écriture de la part des citoyens de toutes les classes sociales.

En 1882, alors de Jules Ferry impose l’instruction gratuite et obligatoire pour les enfants de 7 à 12 ans et malgré le recul considérable de l’illettrisme, le métier d’écrivain public subsiste mais s’oriente davantage vers la rédaction de lettres officielles ou d’importance contractuelle. La population de plus en plus instruite ne nécessite plus l’aide d’un spécialiste pour lire et écrite les textes de la vie courante.


ANNÉES 80 : LE MÉTIER D’ÉCRIVAIN PUBLIC SE FORMALISE


Dans les années 1980, la profession d’écrivain public se dynamise en créant une association professionnelle : l’Académie des Écrivains Publics de France (AEPF).

Au début du XXIème siècle, la profession se formalise avec un diplôme national en créant une licence professionnelle d’écrivain public à l’Université de la Sorbonne Nouvelle à Paris. Ce qui donnera une nouvelle légitimité à une profession sans référencement dans la nomenclature des métiers de l’ANPE.

Depuis, de nouvelles associations professionnelles se sont constituées dans le GRoupement des Écrivains-Conseil® (GREC) qui regroupe le plus grand nombre d’écrivains publics.



Les écrivains publics ont donc connu des périodes fastes et des périodes creuses tout au long des siècles mais la profession a su perdurer et se développer pour devenir aujourd’hui un métier d’avenir répondant à un impératif social.

1Définition dérivée du mot « écrivain » dans Le Nouveau Petit Robert de la langue française 2009, éd. Dictionnaires Le Robert, Paris, 2008 (ISBN 978-2-84902-386-0), p. 818





En savoir plus sur l’histoire du métier d’écrivain public : Page Wikipedia écrivain public


Vous souhaitez en savoir plus sur le métier d'écrivain public ? Lisez notre article Qu'est ce qu'un écrivain public ?


Découvrez toutes les prestations proposées par un écrivain public :


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